Interviou de Patrick Scarzello par DDD

Interviou de Patrick SCARZELLO parue dans le fanzine CAFZIC 46 / février 2008


Parce qu'il est intéressant parce que différent, parce qu'il a un vrai parcours qui dure, parce qu'on parle peu de lui, parce qu'il a une culture punk... Et puis tout simplement parce que nous ne savons pas encore tout de lui. J'ai donc fouiné du côté non officiel. Résultat en mots.




didier ddduyats : J’ai lu que tu étais défini – entre autres - comme un “multiactiviste de la chose rock et artistique depuis la fin des années 70 “ Et avant 1976, tu faisais quoi ?


Patrick SCARZELLO : Hoops... n'était-ce pas l'enfance dans une bulle intersidérale !? Je dévorais des Marvel comics dès qu'ils sont apparus dans "Fantask", plus les petits formats noir et blanc ; en alternance avec les "Maghella" et autres "Contes féérotiques". J'étais fan de Bruce Lee depuis "Big boss" et fasciné par la série "Le prisonnier". J'écoutais la radio, et c'est d'abord en VF que j'ai aimé les Beatles, la country, la Tamla, les grandes chansons américaines, etc. Y a eu Boris Vian en totalité, "Le désert des tartares" de Buzzati, "Les robots" de Van Vogt. Et l'on me disait qu'il fallait avoir peur des blousons noirs, ce qui m'attirait, rien que de les entendre nommer. J'ai un souvenir d'enfance 70's, un dimanche midi super-chiant avec mes parents. Y a un chevelu avec une guitare acoustique dans le restau, ma mère doit le maudir, il s'apprête à partir. C'est un cliché impressionnant tant tout y était, je le revois souvent : la route et l'aventure juste à la porte qu'il va franchir, la liberté du musicien qui trimballe son instrument partout comme il veut, l'androgynie qui jure avec l'ordre alentour. Et tout le rejet qu'il incarne d'évidence, qui moi m'inspire. Avant Rotten ou Métal U, l'un de mes premiers sniffs de vraie vie.

Quelles sont “les obsessions originelles de ton adolescence” ? Les as-tu gardées et regardées grâce à ta pratique artistique ?

PSZ : Ne pas travailler pour pouvoir juste payer son dû, choisir plutôt que subir, ne pas s'offrir une fille mais caresser l'âme soeur, écrire ou chanter un jour ce que je ne savais dire, ne pas reproduire le pire des parents et de la société dont l'hypocrisie me transperçait, vivre pour autre chose qu'une carrière, le pouvoir, etc. Le punk m'a ouvert à tout, et ce qui va avec l'artistique s'est imposé au fil du temps, jusqu'à devenir réalité(s). Alors oui, peu pou prou et tant pis si ça fait prétentieux, je suis celui que l'ado imaginait... enfin, l'aurait préféré ce ptrcKscrzll-là... tu le vois !? Et non pas celui qui te répond... Mais je ne savais ni que ce serait toujours plus compliqué, ni que ça changerait finalement si peu... en ayant autant raison si tôt ! (sourire).

Qu’est ce qui t’a fait tomber dans le chaudron du rock ? Avais-tu des prédispositions, et si oui lesquelles ?

PSZ : Toutes : j'trouvais ma famille pas cool et ne partageais aucun de leurs souhaits, le monde adulte paraissait vraiment trop laid quel que soit le côté observé, et je ne m'aimais qu'à moitié... Mais ça a pris du temps... pas étonnant que notre nouveau groupe s'appelle le Slow Motion ! J'en ai d'ailleurs fait un titre l'an passé avec la Poupée Barbue, qui compile le No Escape éternel, "30 ans (et une dent)"... contre le monde, évidemment, et puis comme celle qui a poussé par devant.

L'Orchestre est-il irrémédiablement dé-Vidé, qu’est ce qui te ferait reprendre la route seul en scène ?

PSZ : Tout reste toujours permis... Mais comme formation, je n'ai rien trouvé de mieux que la réunion d'un band : aussi fragile et fort à la fois, explosif, qu'exaltant et magique. Quand t'as connu ça, c'est difficile de s'en passer. Surtout avec les super-musiciens qui, cette fois encore, nous portent... et nous transportent. Tout seul, c'était le plus raide et le plus à poil imaginable (sans instrument ni rien). Et n'ayant ni la présence d'Alan Vega, ni l'écriture ou le jeu d'un Willie Loco, faudrait beaucoup me pousser...

Scurs, Asphalt Jungle, c’est quoi le plus facile pour apprendre à chanter ?

PSZ : (sourire) Sans oublier que les Scurs ont été un grand déclencheur, puisqu'ils m'ont invité courant 80's sur la scène du Jimmy, que j'ai fait mes premières chansons et commencé à me produire avec Xavier Barea, l'un des guitaristes, et ensuite fait plus d'une longueur d'album durant les années 90 avec leur compositeur Dany Boy (cf. "Les armées de verre soufflé" et "La Reine Gore") il faut quand même dire que, plutôt qu'à chanter, en plus de deux décennies d'amitié ils m'ont surtout appris... dans l'ordre : à fumer des Lucky sans filtre en ajustant le col du manteau, bien picoler (y compris le calimucho, vin rouge + Coca, qui rappellerait presque le lambrusco, ce vin pétillant d'Italie du Nord), jusqu'aux comas sans le regretter ; et à goûter les speeds, le Dynintel à l'époque (ensuite un généraliste communiste fan de polar m'en prescrivait sur une vraie ordonnance, l'idée me ravissait autant que son objet...) Sans parler de leur culte sixties mod, qui a fait du bien à ma culture toujours en manque, etc. Quant à Asphalt, j'ai une anecdote récente : y a des groupes sur MySpace, qui cherchent à jouer comme sur les singles, au plus près compos et chant. On en est là en 2008, tous les trucs importants d'hier, qui n'avaient pas toujours porté leurs fruits avant, se retrouvent (re)considérés, façon classiques...

Comment te situes-tu dans la scène bordelaise : OVNI, pilier, cheval fou, pionner, valeur sûre, autre ?

PSZ : Présent-absent.

Ton nom est maintes et maintes fois associé aux mots “dandy” et “punk” : tu le fais exprès ?

PSZ : Ca me poursuit un peu... Récemment, je lisais avec frénésie "Les décadents français" de Marc Dufaud (après "Les peaux transparentes"), où je retrouvais tous mes préférés et d'autres à défricher. Je découvrais avec passion le gospel punk chez Presley, ça me soutient toujours... J'ai lu pour la toute première fois "dandy punk" en 1999, sous la signature de Laurence Romance (pour m'annoncer à Montreuil avant Tue-Loup/Superflu). Depuis, l'expression s'est imposée pour bien des raisons... notamment parce que rien ne semblant apparemment assez fort, il faut doubler la dose pour que ça fasse un peu d'effet. Là aussi, on sait qu'on est bien en 2008.

Que t’inspire Oscar Wilde ?

PSZ : Un absolu. J'ai lu récemment les pages de son procès. Il était tellement dans son truc, qu'il s'enferrait au mépris de tout intérêt immédiat... total respect. Dans un vers, j'ai brodé sur l'un de ses traits, "(Comme disait ce vieil Oscar), la jeunesse est un art" ; en cinq mots, il te tient des heures !

J’ai lu à propos du cd solo que vous “brassiez influences punk, blues, classique, sans s'interdire aucune bizarrerie”. Quelles sont ces bizarreries auxquelles l’auteur de ces mots fait référence ?

PSZ : Ca a commencé par l'envie de faire ses propres expériences et ça pourrait aller jusqu'a réunir moyens et participants pour expérimenter... Mais je prends ça plus simplement aujourd'hui, le feeling pour le faire et le plaisir de le partager, ça peut suffire pour du beau bizarre.

En pleine vague du rock alternatif français, je t’ai vu ouvrir à Bordeaux pour les Wampas et les Bérus. Te considères-tu comme un rockeur alternatif ?

PSZ : Jamais pensé comme ça... mais j'aurais bien sûr aimé contribuer directement à des tueries comme "J'ai quitté mon pays", "Les bottes rouges", etc (la liste des groupes et des chansons serait longue). Et j'vois où tu veux en venir, car je me suis souvent retrouvé au milieu de ce qu'il se passait alors... tout en piaffant jusqu'aux 90's pour avoir un répertoire, et surtout une formation pour le défendre. J'ai connu les Bérus à leurs tous débuts 80 lorsqu'ils ont joué en banlieue bordelaise, les Wampas dans les premiers cafés de Paris BarsRock aux côtés de Spider X, des Soucoupes Violentes, etc ; je fréquentais l'entourage des Coronados, qui étaient trop géniaux (pour de si nombreuses raisons, y compris leurs mystères...). Durant ces années, j'en crevais d'avoir des chansons et personne de dispo pour s'investir, sauf ponctuellement. A ce fameux concert, Loran nous a gentiment suggéré de répéter plus... et pour cause : ça commençait par un titre clavier-chant avec un premier instrumentiste, puis je crois Xavier des Scurs qui rentrait à la guitare, la contrebasse qui se rajoutait... Y avait aussi Dany Boy qui lançait les boîtes par derrière, je n'osais ou ne savais déclencher... Sur une date à Rochefort en ouverture des Coros, Stéphane Gillet faisait même des choeurs... Ca a vachement compté les quelques dates de cette époque, mais surtout perso.

Imaginons, nous sommes en 1970 et un de tes profs t’invite à rejoindre une “Scène de Musiques Actuelles structurante labellisée par le Ministère de la Culture”. Tu lui réponds quoi ?

PSZ : Merci meussieu, mais j'aimerais avant tout me perdre un peu tout seul, avec une sweet little sixteen ou en band(e)...

L’imagerie du rock actuel est-elle séduisante à tes yeux ? Le son et l’image sont ils intimement liés ?

PSZ : Oui, quand c'est rafraîchissant et aussi personnel que les Shades, ou que ça réveille tout ce qui le mérite comme les Stripes... et non, parce que les viviers vintage que je n'ai pas connus en direct, me rechargent souvent plus que l'actualité... Et pourtant, je vis pour aujourd'hui sans nostalgie... En même temps, je sais combien le revival est l'une des clés maousses du Big Bad Beat, pour tous, depuis toujours et jusqu'à la fin. D'autant qu'on y souscrit parfois plus ou moins soi-même, par la force justement des redécouvertes de l'Histoire... on n'est pas rendus, là ! (sourire). Quant à l'image et au son, d'évidence, c'est quand tout se rejoint que ça compte et commence à prendre vraiment du sens ; qu'on peut enfin capter son époque, quelles que soient les influences... Mais est-ce que ça peut se calculer ?

J’ai lu que le duo Scarzello & Lys a été qualifié un jour de “Bonnie & Clyde du post-cabaret”. Peux tu nous qualifier ce duo avec tes mots à toi ?

PSZ : Plus que Bonnie & Clyde effectivement, j'imagine que l'auteur pensait à la chanson de Gainsbourg avec Bardot... beau couple et belles références pour nous ! Ensuite, on trouvait dans le répertoire de véritables influences cabaret. Et à la fois, c'était formule chausse-pied pour caser l'incasable musicalement, dans des lieux de concerts rock. On a aussi beaucoup souligné notre théâtralité, voire notre mise en scène... alors qu'on se sentait d'abord interprètes, pas des attractions. Notre duo, un poil plastique du fait de Lys, et en français du fait de tous les deux, relevait du pari impossible jamais formulé à l'avance, qui s'est soldé par plus de deux heures de concert sans instrument ni instrumentistes véritables (Lys a débuté ainsi), avec un public en nombre honorable qui a payé, debout jusqu'aux rappels et qui repart en te félicitant... On était allés jusqu'au bout avec l'Orchestre Vide. C'est aussi pour ça qu'on est revenu vers des musiciens, vers le groupe, qui se révèle à bien des égards le prolongement du duo...

Et le théâtre, c’est pour une autre vie ?

PSZ : Tu fais référence à un écho qu'a reçu "Singe Ejectable", mon second petit bouquin qui, a-t-on dit, pourrait être joué sur scène. Lys avait pensé à un moment s'y coller, car il s'agit essentiellement d'un monologue féminin. Mais la réalité a rattrapé la symbolique, on ne se sentait plus de laisser la parole à une ignoble réactionnaire, même pour dénoncer.

J’ai appris que tu avais écrit avec les frères N’Tumba : c’est ça "le sens du partage" ?

PSZ : En quelque sorte... J'ai eu plusieurs fois la chance qu'on interprète des chansons qui étaient déjà là (cf. l'album 2008 de Thierry Sabir avec deux Strychnine devenus Beach Lovers, plus le bassiste et guitaro de Gamine à la réalisation), ou qu'on ne me demande de participer à des projets. Ce que j'aime beaucoup et qui a l'air de bien fonctionner.
Récemment, j'ai partagé quelques sessions avec Benjamin Lebeau de The Film, rebondissant sur ses vers, ensemble ou tout seul de mon côté, grattant sur ses instrumentaux. Il voulait aussi nous produire, mais ça c'est compliqué géographiquement. Et au final, leur prochain album sera je crois en anglais (le noyau Guillaume et Benjamin a depuis chaussé The Shoes...) Reste "Eve Future", qui m'est venu grâce à l'une de ses esquisses, "à la Suicide". On en fera peut-être quelque chose un jour. Ils doivent aussi nous confier une compo "à la Tim Burton", à suivre...

Pour en venir aux Tribal, leur compositeur me connaissait depuis les 80's, pour avoir enregistré ma première démo dans son studio. La major voulait un album en français, les frères N'Tumba en tant qu'auteurs devaient adapter leurs titres écrits en anglais. Je les ai aidés, ce qui a contribué à leur signature et au premier album, où on me retrouve sur plusieurs morceaux. On a remis ça avec succès sur le second, en partant de simples notes à eux, sur des carnets. On a même gratté à chaud ensemble, dans un studio de Los Angeles, juste avant qu'ils n'enregistrent... c'est le titre avec les Américains qui a marché (sourire). J'ai apprécié ces moments partagés avec de vrais B-Boys, leur coolitude et leur histoire bien plus rebelle qu'elle ne paraissait ; leur ai depuis dédié un "Hip-Hop A Lulla".

Ca fait quoi d’être “l'ami bordelais” de Thierry Tuborg (ancien chanteur du groupe Stalag et aujourd’hui écrivain) ?

PSZ : J'suis épaté par sa façon d'écrire, apparemment simple et incontestablement efficace, tant dans ses livres que j'ai tous lus, que dans ses chansons ciselées ; les récentes comprises, avec Stalingrad, groupe idoine. Contrairement à certains, proches du truc au départ, mais qui font plus qu'ennuyer dans leurs bouquins ou activités annexes, Thierry me paraît incarner l'écrivain rock'n'roll frenchy auquel les éditeurs devraient s'intéresser fissa. Et s'il écrivait pour d'autres chanteurs, ça le ferait aussi. Un titre comme "Les vieux punks (finissent toujours par payer)" est d'une justesse vécue, impeccablement rendue.

Chamfort a écrit « Ce que j'ai appris, je l'ai oublié ; ce que je sais, je l'ai inventé ». Et toi, qu’as-tu inventé de ton côté ?

PSZ : M'est arrivé d'avoir un petit regard de biais : pas dupe. J'espère avoir l'occasion d'en jeter d'autres.

Ecrire dans "Rock&Folk" : c’est une envie, un besoin, un plaisir ou autre chose encore ?

PSZ : "Rock & Folk" est une éternelle New Church pour ses Lords, sur les bancs de laquelle j'ai volontiers été amené à poser un flyer, pour un festival de la scène du cru. Dans la foulée et à travers ses vitraux, j'ai à plaisir observé une "Mauvaise étoile", qui fait chaud au coeur de la (sa)voir briller. Je me rends à la messe à la première heure tous les 15 du mois, tel un pauvre pénitent qui, à chaque fois, se dit qu'il ne connaît pas même un demi-pet de lapin aux mystères de la foi.

“A rebrousse-toi” et “Singe éjectable” sont tes 2 romans (sortis aux éditions Le Recif en 2002 et 2003) : qu’as tu donc à dire d’autre que ce que l’on trouve déjà dans les paroles de tes chansons ? Le PSZ rockeur et le PSZ romancier sont-ils 2 personnes ?

PSZ : Hélas non, toujours le même ! C'est juste une autre écriture et une histoire de format, les deux demandaient plus que quelques vers... Mais ce ne sont pas des romans, plutôt une lettre-journal au lance-flammes pour le premier, et un récit avec d'horribles propos recueillis dans le second.

J’ai appris que tu étais à London en Août 1982 : c’était pour parfaire ton anglais ?

PSZ : Je n'avais au fond qu'un objectif, même pas aller voir des concerts ou acheter des sapes, rencontrer Eric Débris. Youri Lenquette m'avait donné son phone, j'ai osé. Le long entretien qu'on a eu, trône sur mon site et date de l'époque Sex Sex Sex, le must de ce que j'ai pu faire pour "On est pas des sauvages". C'est l'un de mes héros de toujours, vu avec Métal Urbain un dimanche de 77 en direct (dans l'émision "Blue Jean" je crois), et MySpace best friends aujourd'hui... Le vortex spatio-temporel qu'ils ont ouvert, ne s'est de fait jamais refermé. Facilement visibles désormais, ces images flashantes étaient restées incrustées comme un tatouage mental et sentimental, indélébile... Voir et entendre ça à 16 ans, dans le living-room familial, c'était atomique... Comme un appel de l'au-delà, un cri de naissance : "Panik d'aujourd'hui... paanik !" Ca reste i-n-e-s-t-i-m-a-b-l-e et les mots ne suffiront pas. Y a évidemment Métal U sur la pochette de "De bon matin en robe du soir", qui montre ma chambre d'ado constellée de figures éternelles, dont leur photo, parue dans "Feeling" il me semble. Je regrette de ne pas avoir eu le feeling justement, d'aller leur parler à l'Heretic ou à Barbey, quand ils ont joué, j'y étais. Une pudeur...

Ton site s’ouvre avec la phrase “bienvenue sur l'esquif d'un voyageur astral en plein apprentissage...” Peux tu nous faire une rapide visite guidée ?

PSZ : Un ami s'est proposé de le monter à la fin du siècle, suite à la sortie du premier CD. J'ai appris à l'actualiser avec les nouvelles chansons et autres activités, le press-book qui grandissait, etc. Et puis c'est devenu une cyber-facilité côté bio, photos, de se référer à ce qu'on trouve sur le Web ; ça sert un peu dans les deux sens (en espérant que ça ne s'arrête pas là, mais c'est une autre question...) Un temps, le MySpace d'Alain Kan utilisait l'un de mes textes, comme image d'identité. On cite ici et là la chanson-hommage à "Aladin" Pacadis ; pas seulement parce qu'elle est sortie sur "La Reine Gore", la fréquentation le montre assez. Ca permet de recoller un peu les morceaux, donner une cohérence.

A regarder ton parcours, j’ai l’impression que tu as fait un peu ce que tu avais envie de faire et que tu es toujours là en 2008, bien vivant, à continuer ton petit bonhomme de chemin. Ca va durer encore longtemps ?!!!

PSZ : Bien vivant, c'est toi qui le dit ! Il me semble en fait que maintes choses vraiment importantes commencent à peine... Pas seulement parce qu'il y a toujours quelque chose de l'absolute beginner dans la musique et le reste... Mais y a peut-être suffisamment de paramètres, mis peu à peu en place pour tendre vers : ballades & rock'n'roll en groupe avec ma fleur, gratter au plus près de l'os avec la plume, et autres si affinités : it's open all night.

Il me semble que les punks de l’ancienne école ont le vent en poupe ces jours-ci. Penses-tu avoir la reconnaissance à laquelle tu as droit toi aussi ?

PSZ : Du fait d'impondérables et bien qu'invité, j'ai loupé pas mal de ces moments, notamment à Paris : concerts de la nouvelle scène, lancements de "Nos années punk", "Goth (de Baudelaire à Marilyn Manson"), "40 ans de musiques au Gibus", etc. On verra si ça peut se rattraper... Mais gaffe, si tout ça a définitivement modifié mon métabolisme, ceux auxquels tu penses ont fait l'Histoire, eux.

Est-il vrai que “la contestation ou la poésie ne peuvent se faire dans une autre langue que la nôtre” ?

PSZ : Pour la contestation et la poésie, impossible de répondre, n'étant hélas pas à temps plein dans ces domaines... Reste le français : ce n'est pas la mélodie ou une compo qui amènent le titre, mais une idée, des paroles qui s'imposent. Mais attention, quand ça sort, c'est chantonné ! Ce qui permet à un doué comme le guitariste OD (The Melmoths, Love Lanes...) à l'origine de "De bon matin en robe du soir...", de composer en direct dessus. Au passage, on n'a pas forcément capté l'autre sens que je mettais au titre du cd, me retrouvant soudain à interpréter l'exacte musique qui me branchait à 16 ans... mais en 2003-2005 : "De bon matin en robe du soir" ! D'autant que, plus encore pour ceux qui ne les ont pas connues, ces années d'accélération sont devenues un mythe puissant, comme les sixties et avant pour moi, avec le look qui va de pair : l'ami OD s'habille vintage comme même mes potes d'alors n'y arrivaient pas, simplement parce que tout s'improvisait, tandis qu'aujourd'hui c'est codifié. Reste qu'avec OD, et même s'il est à Berlin on s'en parle toujours, j'aimerais avoir l'occasion d'avancer de nouvelles chansons, tant sa rencontre à été porteuse. Et bien sûr aussi, parce que son talent de compositeur stylé englobe beaucoup d'autres influences, époques et références...


Comment « faire que le punk redevienne une menace » ?

PSZ : Je crains qu'il y ait de nos jours déjà trop de menaces, d'où la difficulté en ce sens du punk spirit... Ca faisait peur, parce que tout le reste ronronnait. Aujourd'hui c'est pas "yes future" (même si la défunte science-fiction est devenu un Diable polymorphe bien réel), mais "donnez-moi un 'tit bout de présent, pleeeeazzze"... et en tremblant encore.




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