interviou de Golfech-Gueule De Bois parue dans BEURRE NOIR 16 - mai 2009


Golfech ? D’où vient ce surnom qui me fait penser à un monument des temps
modernes ?

Du temps de ma lutte anti-nucléaire contre ce monument dédié au profit de
quelques multinationales et à la déchéance écologiste.
C'est vieux comme surnom, 1979. C'est mieux que "le bègue", non ?

Au début, il y avait donc GUEULE DE BOIS ROCKCITANIE. C’était quoi l’envie
et les besoins de l’époque ?

Au tout début il y avait à Tarbes, vers 1987, un mec un peu paumé, tombé
tardivement dans la mouvance punk-rock (OTH, $HERIFF, PARABELLUM, CAMERA SILENS,
etc...), qui en eut marre d'apprendre trop tard qu'un bon concert s'était
déroulé à quelques kilomètres (les dates de Pau n'étaient pas annoncées à
Tarbes dans la presse quotidienne et inversement, pour cause de "pacte de
non agression" entre les 2 groupes de presse qui y régnaient (SUD-OUEST et
LA DEPECHE DU MIDI), d'où l'idée de la création d'un fanzine regroupant les
dates pour faire partager ces infos.

Y avait déjà des fanzines quand l’aventure GDB a commencé ?

Oui, à commencer par ON EST PAS DES SAUVAGES à Pau qui a été un peu
l'exemple de ce qu'il fallait faire en matière d'irrévérence du rock'n roll.
Et plein d'autres à travers la France qui ont pour la plupart disparus à
présent.
MAXIMUN ROCK' N ROLL (from USA) reste pour nous un must dans le domaine
"pratique et sans esbrouffe" : un maximum d'infos, un max de pages sur du
papier journal noir et blanc ! L'exemple à suivre en France, si quelqu'un
le peut encore.

Ensuite, le mot ROCKCITANIE est un peu passé à la trappe. Pourquoi ?

Ce mot, contraction GDBesque de ROCK et d'OCCITANIE, représentait mon état
d'esprit un certain temps: vivre le rock'n roll là où je vivais, en
intégrant les traditions, musiques et cultures dans une nébuleuse informelle
et plutôt libertaire.
Las, force est de constater que les acteurs installés dans ce domaine
- hormis quelques un(e)s- n'aiment pas qu'on vienne "piétiner leur pré carré"...
GDB a édité et sorti pendant 3 ans un calendrier bilingue Occitan-Français
avec plus de 600 prénoms traduits et a proposé à divers acteurs du milieu
occitan-béarnais de le co-éditer (l'essentiel du boulot était déjà fait et ça
ne leur coûtait quasi rien) sans réponse positive à ce jour.
Nous continuons notre petit bonhomme de chemin, tous seuls ou presque.

GDB est avant tout un fanzine palois et de ses environs, non ? Au fait, c’est
quoi la situation musicale paloise ? Y a une salle qui diffuse et d’autres
fanzines ?

Fanzine palois, comme il aurait pu être bordelais, montpeliérain ou
toulousain. En fait sa situation géographique a dépendu de mes errances
(Tarbes et Montpellier) avant de me fixer à Pau où j'ai rencontré
Marie-Claire. Ce que je ne regrette pas après 16 ans...
Les seules salles sur Pau sont aux mains du show-bizz (Zenith, Palais des
Sports, Casino) ou d'associations bénies oui-oui comme Ampli ou la
Centrifugeuse.
Aucun risque de rebellion dans le monde du rock palois...
Quant aux fanzines: NADA ! Dès que les rares instigateurs d'un journal
s'apperçoivent qu'ils ne pourront pas en vivre, retour à la case départ.
La seule structure un peu perenne s'apelle Factotum mais galère pour s'en
sortir financièrement et tourne à un peu tout et n'importe quoi en contenu.

GDB est un fanzine qui a été longtemps bilingue francais-occitan. Que
retirer de cette expérience ? Et pourquoi avoir arrêté ?

Cela rejoint un peu la question plus haut. Le bilinguisme n'a rien apporté
au fanzine hormis un rejet de certains tenants du tout français ("on n'y
comprend plus rien". Pauvrets !) et de quelques "fonctionnarisés" du
béarnais "cap e tot" qui préfèrent rester dans leur petit coin sans chercher
à s'ouvrir au reste du monde, ce qui risquerait de leur ouvrir l'esprit.
On ne sait jamais, ça peut faire mal...

Pourquoi le message occitan ne séduit-il pas plus les jeunes ?

Si, certains jeunes sont séduits par une certaine forme de message occitan
comme celui, revendicatif proposé par ANARAM AU PATAC ou festif proposé par
ÇA I à Pau, mais il faut bien constater que le monde occitan n'a pas su
fédérer et intéresser les jeunes et moins jeunes comme ont su le faire les
basques, les bretons ou les catalans .

Je suppose que GDB a été maintes fois remercié par la scène musicale
ou institutionnelle pour son travail d’infos pharaonique et indispensable.
Est-ce que je me trompe ?


Humour quand tu nous tiens...
Ce boulot bénévole n'a jamais eu vraiment de remerciements au niveau local
et institutionnel pour la même raison peut-être que pour le milieu
occitaniste: peur de nouveaux venus et de nouvelles idées qui risqueraient
de déranger certaines "rentes de situations" dont s'accommodent certains.
Surtout, ne pas bouger et ne pas faire de vagues !
Plus de reconnaissance au niveau régional et national ou de la part des
groupes et labels qui appréciaient le boulot gratuit fait pour eux.
Bon, maintenant l'idéal serait que quelqu'un de compétent et de bénévole
nous vienne en aide pour nous aider en programmation PHP afin de recréer des
fichiers de présentation de groupes et de lieux de concerts et relancer ce
que nous ne pouvons plus tenir à jour depuis de nombreuses années, faute de
temps libre pour tout faire. Puis aussi faire un agenda interactif de dates
de concerts.
Bon, nous avons réussi à faire un forum mais ce n'est qu'un premier pas... à
moins que ce ne soit le dernier !

Indépendance et subventions font-elles bon ménage ?

Si les subventions étaient liées à l'utilité d'un travail quelconque...
l'indépendance, le développement et la pérennité d'associations comme GDB
seraient assurées.
Mais, les subventions sont souvent attribuées sur des critères de vassalité
et de lèche qui nous discriminent forcément par rapport à d'autres. Non ?
Quand à la publicité pour faire vivre un journal indépendant, c'est
complètement utopique au dessus d'un certain seuil.
La totale indépendance d'action et de ton d'un média ne rime pas avec la
"publicité - duplicité" (expression due au groupe RATICIDE).


Gueule De Bois a-t-il des ennemis ? Ou alors : qui lui en veut et pourquoi
donc ?

Avoir des ennemis n'est-il pas un signe de déranger quelque peu ?
Une structure sans ennemis n'aurait donc pas d'opinions affichées, pas
d'activités susceptibles de déranger quiconque, bref n'aurait pas de raison
d'exister. A notre avis.
Comme disait OTH : "dans ma rue, y a des connards et des mecs bien" .
Mais on a encore quelques amis. SI SI !

Golfech, tu as aussi fait de la radio un certain temps, et tu te présentais
comme « l’animateur le plus ra-ra-rapide du Sud-Ouest ». Tu es prêt à
recommencer ? Pourquoi ?

Oui, j'ai fait des émissions de radio, bien que bègue (j'ai fait mon
"coming-up" il y'a longtemps !).
Je serais prêt à le refaire mais les radios intéressées sont excentrées de
mon domicile...
Depuis chez moi peut-être (radio par Internet ?). On verra. Quel fainéant
ce Golfech...

Depuis toujours, depuis plus de 20 ans devrais-je dire, dans tes éditos, tu
passes de l’amour à la haine, du chaud au froid. Est ce que c’est quelque
chose qui pourrait changer avec le temps ?

L'amour et la haine, le chaud et le froid, le blanc et le noir,...
Tout celà fait partie de chacun ! Plus ou moins affiché, c'est tout.
C'est vrai, je pourrais faire un fanzine du style: "tout le monde il est
beau, tout le monde il est gentil" et essayer d'en vivre mais ce serait un
peu faux-cul...

Tu as fait bien des choses dans la mouvance rock : radio, fanzine, organiser
des concerts. Qu’est-ce qui te reste à faire pour avoir ton certif de rocker ?

Y a besoin d'un certif ? Ou d'un uniforme ? Si c'est pour finir comme
Manoeuvre en vieux rocker auto-satisfait de soi pour s'auto-congratuler à la
télé, autant se flinguer tout de suite.
No future !

Peux tu me parler de ton amour pour le groupe OTH et le présenter pour ceux
et celles qui ne le connaîtraient pas encore ?

Un soir de festival à Tarbes, pendant que j'étayais la scène qui menaçait de
s'effondrer sous les sauts répétés de Spirou, OTH a été le déclencheur -ou
plutôt le détonateur- qui m'a fait basculer de la soupe pop vendue par les
gros médias à la scène rock française de l'époque et, par la suite à la
découverte d'un autre rock, voire d'autres formes musicales.
OTH a été un des fers de lance du rock français dit "alternatif" avant de
sombrer corps et biens dans les méandres du show-bizz franchouillard.
"La découverte ou l'ignorance" aurait dit TRI YANN...
OTH demeurera pour moi comme le moment où je suis passé de l'ignorance du
ronron quotidien aseptisé à la découverte d'une musique rebelle et vivante.
Mais je reconnais à chacun le droit d'avoir des parcours et des goûts
différents.

Quelle est aujourd’hui la raison d’exister de Gueule de Bois en version
papier ?

Moi, je ne voulais plus ! C'est Marie-Claire qui a repris, et qui assume, le
papier...
Je sais, c'est salaud de la dénoncer mais S...y verse une prime à la
délation ("Maréchal, nous voilà"... air connu !)

Qu’as tu promis à ta compagne pour qu’elle ose t’accompagner dans cette
douloureuse aventure de l’info musicale sur papier et internet ?

Rien, elle a choisi de m'accompagner dans certaines de mes passions comme je
l'accompagne dans d'autres.

Au fait, jusqu’à quand allez-vous agiter la scène musicale ?

La mort ? Non, un jour nous en aurons marre et personne ne remarquera notre
absence, c'est tout.

ROCK'N ROLL, bordel !!!!